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La blockchain, nouveau maillon de la chaîne achats ?

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Appels d’offres, contractualisation, passation des commandes, approvisionnements, paiements… Qu’il s’agisse d’automatiser ou de sécuriser les transactions, les domaines d’application potentiels de la blockchain aux achats semblent nombreux. Si les projets opérationnels restent rares, les systèmes d’information métiers doivent se préparer à intégrer cette technologie prometteuse. Dans cette perspective, Acxias a récemment initié un programme de veille sur le sujet et prévoit un premier prototype en 2017.

 

Si elles n’en mesurent pas encore totalement les impacts, les directions des achats commencent à s’intéresser à la blockchain. C’est en tout cas ce qui transparait lorsqu’on les interroge sur le sujet. « Je suis très enthousiasmé par le principe même de cette technologie », assure ainsi Pascal Pelon, directeur des achats d’Axa France. « Si je n’ai pas encore repéré de solution facile à mettre en œuvre et qui respecte nos règles internes, notamment pour le paiement en euros, je reste en veille active sur le sujet ». Même position pour Joël Aznar, en charge de la gouvernance des données achats chez Schneider Electric, avec toutefois davantage de réserve : « cela fait partie des sujets que je suis, dans le cadre de mon travail de veille technologique, explique-t-il. Mais avant de lancer un projet, j’attendrai que les éditeurs métiers franchissent le pas, s’il y a un vrai potentiel à la clé ».

Rejetant l’idée d’un « buzzword » marketing, la plupart des principaux éditeurs e-achats seraient justement en train de se positionner. Ivalua, SAP Ariba et SynerTrade l’assurent en tout cas. Determine aussi, qui a d’ailleurs fait intervenir Claire Balva, cofondatrice de Blockchain France, lors de la récente présentation de sa suite intégrée. L’éditeur explique étudier le sujet depuis déjà plusieurs années, avec quelques-uns de ses clients du secteur financier notamment.

« Pour l’instant, nous n’en sommes qu’à des considérations d’architectures et de choix de technologies. Mais deux applications nous intéressent, autour de la sécurisation des transactions acheteurs-fournisseurs, principalement les commandes envoyées, et des contrats » Julien Nadaud, son directeur produit.

Une base de données infalsifiable et irrévocable

Les bénéfices de la blockchain, apparue en 2008 en même temps que la monnaie virtuelle bitcoin, vont toutefois bien au-delà. Son principe ? Dans la blockchain, les transactions sont enregistrées dans des blocs d’informations reliés les uns aux autres, composant une chaîne stockée par l’ensemble des participants du réseau et qui ne dépend pas d’un organe central. La validation des blocs est assurée par des moyens cryptographiques et par une logique d’approbation de l’information par consensus entre les maillons de ce réseau, également appelés nœuds. Il en découle des avantages à trois niveaux : la possibilité de limiter les intermédiaires dans les échanges, la capacité de garantir la conformité (authentification et intégrité) d’une transaction ou d’une information sans recourir à une autorité supérieure, l’absence d’infrastructure dédiée puisque la puissance de calcul nécessaire est fournie par les machines des participants et optimisée par des algorithmes.

Dans un contexte applicatif plus opérationnel, une blockchain constitue non seulement une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre les utilisateurs, mais elle est infalsifiable et irrévocable du fait des technologies employées et de la distribution des informations en de multiples points. « En plus de la sécurisation des transactions (preuve d’existence de documents, horodatage, etc.), la technologie permet des échanges moins chers et plus rapides », considère Claire Balva. « A travers le principe des « smart contracts », elle garantit aussi l’exécution des termes d’un contrat, selon certaines conditions, via des « oracles » qui apportent leur validation ». Cette validation et la certification de chaque bloc sont rendues possibles, dans les laps de temps extrêmement courts, par le principe du « minage », c’est-à-dire l’utilisation de la puissance de calcul du réseau décentralisé.

L’utilisation de la blockchain dans le cadre du processus achats présente un intérêt à plusieurs stades. En amont, sur le processus source-to-contract, elle pourrait d’abord assurer une transparence des appels d’offres, par une gestion optimisée de l’historique sur les dossiers en cours ou passés. De même, pour la contractualisation et la gestion des contrats, la technologie permettrait de vérifier et de certifier l’existence de documents, l’historique des modifications et des versions. L’utilisation des « smart contracts » garantirait l’existence et l’exécution de certaines clauses, comme les modalités de la prestation ou les conditions de son règlement.

Des ingénieurs spécialisés  recrutés par acxias

Sur le processus aval procure-to-pay, les enjeux sont surtout liés à la qualité et à la traçabilité des transactions. « La blockchain pourrait d’abord être un moyen d’automatiser et de sécuriser davantage la passation des commandes, en garantissant la validation puis l’envoi », estime Claire Balva. A noter cependant que ce rôle est déjà largement assuré par les Business networks, plates-formes d’intermédiation sur lesquelles la totalité des flux transactionnels ou logistiques peut être tracée.

Pour le contrôle qualité et le suivi des approvisionnements, l’utilisation de la technologie blockchain pour stocker les informations sur les articles permettrait de vérifier de manière irrévocable leur provenance, authenticité ou circuit de distribution. En fin de processus, enfin, ce sont la facturation et le paiement qui pourraient être optimisés. Julien Nadaud considère que « la blockchain pourrait notamment être utilisée dans le cadre de la piste d’audit en facturation électronique ». Toutefois, « l’évolution de la législation et des règles de fiscalité applicables en la matière prendra tu temps », tempère Bertrand Gabriel, directeur d’Acxias. Sans forcément autoriser les cryptomonnaies, encore peu reconnues par les entreprises, le paiement pourrait être déclenché automatiquement grâce à des smart contracts qui garantiraient la bonne exécution de l’achat.

Face à cette évolution, Acxias a donc engagé un programme de veille active sur ce sujet et recruté des profils spécialisés, notamment Guillaume Vassaux, ingénieur en cryptographie qui a déjà participé à des projets blockchain sur Ethereum. Sur base de son expertise, Acxias a passé en revue l’ensemble du processus source-to-contract et procure-to-pay, et identifié plusieurs sujets pour lesquels la technologie blockchain pourrait apporter une forte valeur ajoutée en termes de sécurité. « Un point clé de nos recherches porte sur la ou les communautés à mettre en œuvre pour les activités de minage », explique Bertrand Gabriel, ajoutant que « les Business networks (SAP Ariba, Perfect Commerce, etc.) pourraient jouer un rôle dans ce domaine ». Un prototype est prévu sur le premier semestre 2017. Au-delà de la technologie, qui semble aujourd’hui mature pour le marché, de nombreux aspects (réglementation, risque, contrôle, coûts de développement et de gestion, sécurité, confidentialité des données, etc.), restent toutefois à préciser. Des aspects particulièrement sensibles dans le domaine des achats et qui constituent autant d’axes de travail pour les équipes d’Acxias dans les mois et les années à venir.