Dans la perspective de l’obligation de facturation électronique interentreprises à partir de septembre 2026, en France, le choix d’une Plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) revêt une dimension stratégique. Douze critères sont particulièrement décisifs pour orienter sa décision parmi la multitude de solutions (*) déjà immatriculées.
1 – Conformité règlementaire et certification
Une PDP doit impérativement être immatriculée par l’administration fiscale et figurer sur la liste officielle des plateformes certifiées. Cette immatriculation garantit la conformité aux obligations légales et techniques (formats UBL, Factur-X, CII) ainsi qu’une compatibilité avec le concentrateur de flux du Portail public de facturation (PPF) et les autres PDP. Elle assure également la capacité à gérer le cycle de vie des factures selon les statuts définis par le schéma en Y (émise, reçue, rejetée, acceptée), jusqu’à l’archivage légal.
2 – Expérience et solidité de l’opérateur
L’expérience de l’opérateur est un indicateur clé de fiabilité. Une entreprise disposant d’un historique éprouvé dans la numérisation et le traitement des factures, notamment en tant qu’Opérateur de dématérialisation (OD), ou éditeur d’ERP ou de solutions de gestion, pourra faire bénéficier les directions financières et DSI de son expertise précieuse dans le domaine. Sa solidité financière, sa stabilité sur le marché et sa capacité à anticiper les évolutions réglementaires sont autant d’éléments en faveur d’une prestation ayant les moyens de s’inscrire dans la durée.
3 – Interopérabilité avec le système d’information
La plateforme doit pouvoir s’interfacer efficacement et à moindre frais avec les ERP, logiciels de gestion généralistes et autres briques métiers (comptabilité, achats, ventes, etc.) du système d’information. Une interopérabilité ouverte, native ou s’appuyant sur des connecteurs standards (EDI, API, etc.), garantit la fluidité des échanges et limite les ruptures dans les processus de traitement des factures et d’enregistrement comptable. L’adéquation entre la PDP et l’architecture technique existante doit aussi être considérée avec attention.
4 – Couverture internationale
Une PDP bien implantée à l’international simplifie la gestion des flux de facturation transfrontaliers, ce qui est particulièrement important pour les entreprises exportatrices ainsi que pour les filiales ou entités de groupes étrangers puisque la réforme s’applique à toutes les sociétés assujetties à la TVA en France. Pour les entreprises ayant des activités dans plusieurs pays, il est donc judicieux de choisir une PDP capable de gérer les spécificités réglementaires internationales (formats, statuts, archivage, signature, etc.) et de suivre les évolutions légales dans les différentes juridictions.
5 – Capacité de traitement en masse
La capacité à absorber un grand nombre de factures, sans impact sur les délais de traitement, constitue un critère technique déterminant. Il convient d’évaluer la plateforme en termes de volumétrie de facturation, de rapidité de transmission, de disponibilité des données en retour et de résilience du service. Une gestion fluide et en temps réel des flux permet de maintenir une bonne qualité de service vis-à-vis des partenaires commerciaux.
6 – Prise en compte des besoins spécifiques
La capacité de la PDP à s’adapter aux particularités de l’entreprise, tant fonctionnelles (personnalisation, cas particuliers, etc.) qu’opérationnelles (sécurité, performance, etc.), est particulièrement importante pour les ETI et les grands groupes dans des contextes d’organisation complexes. En plus des intégrations multiples (entités, applications, etc.), et des flux non standards, la plateforme doit aussi pouvoir gérer efficacement les exceptions ou les anomalies.
7 – Modèle tarifaire clair et transparent
Le modèle économique de la PDP doit être lisible, sans coûts cachés. Il convient d’examiner les frais d’implémentation, de maintenance, les coûts liés au volume de factures, ainsi que les services additionnels proposés, en comparant avec les autres solutions. Une tarification transparente, adaptée à la taille et aux usages de l’entreprise, facilite la projection budgétaire.
8 – Performance technique et engagements
La robustesse de la solution repose sur ses performances techniques (disponibilité, temps de réponse, capacité de montée en charge, etc.) et des engagements formalisés via des Service Level Agreements, ou SLA. Ces accords doivent définir clairement les niveaux de service, les responsabilités de l’opérateur, les pénalités éventuelles et les conditions de réversibilité.
9 – Qualité du support et de l’accompagnement
La disponibilité d’un support client réactif et d’une assistance, notamment en cas d’incidents, ainsi que la possibilité de formations sont essentielles pour faciliter la prise en main et l’exploitation quotidienne de la plateforme. De plus, une interface ergonomique, des outils d’aide ainsi qu’une documentation accessible contribuent aussi à une transition réussie.
10 – Fonctionnalités et services à valeur ajoutée
Au-delà des fonctions strictement règlementaires, certaines plateformes offrent des fonctionnalités complémentaires (automatisation de tâches, rapprochement comptable, gestion des paiements, tableaux de bord, etc.) qui permettent d’améliorer la productivité et la fiabilité des processus. Certains acteurs proposent également des prestations à valeur ajoutée, par exemple en matière de conseil, audit, affiliation fournisseurs, enrichissement des référentiels, recouvrement amiable ou de services éditiques.
11 – Sécurité et protection des données
La plateforme doit respecter les normes et textes spécifiques à la sécurité des systèmes et des données (ISO 27001, RGPD, etc.), intégrer des mécanismes de traçabilité et de lutte contre la fraude (signature électronique, piste d’audit fiable), et garantir un hébergement conforme aux exigences de souveraineté, idéalement en France ou en Europe.
12 – Capacité d’évolution et innovation
La PDP doit être conçue pour pouvoir évoluer avec les exigences réglementaires et les innovations technologiques. Son architecture doit permettre l’intégration future de nouvelles fonctionnalités (intelligence artificielle, automatisation de procédures spécifiques, reporting, analyse prédictive, etc.) tout en restant alignée avec les évolutions du cadre légal français et international.
* A date, le site officiel liste 89 plateformes immatriculées sous réserve